La médiation humaniste : un moyen de restaurer le lien social pour se découvrir soi-même

La médiation humaniste : un moyen de restaurer le lien social pour se découvrir soi-même

Parmi les modes amiables de résolution des litiges, la médiation humaniste présente la particularité de dépasser le seul cadre du conflit interpersonnel pour ancrer l’individu dans son environnement social.

Elle promeut en effet l'idée selon laquelle l'homme n'existe qu'en lien avec l'autre et que, par conséquent, la médiation comme mode de résolution est le moyen le plus naturel de donner sens à la vie en société.

Mais l'apport essentiel de la médiation humaniste repose sur sa dimension ontologique. En découvrant l'autre, on se découvre soi-même.

Selon Jacqueline MORINEAU, qui a introduit la médiation humaniste en France dans les années 80, l'esprit de la médiation « repose sur le besoin de l'homme de réaliser pleinement sa propre humanité, son aspiration à l'unité, au beau, au bien, au juste, à la vérité, à la liberté ».

Dès lors, la médiation devient, par la reconnaissance de valeurs communes, la manifestation d’une humanité partagée, que d'aucuns peuvent qualifier d'empathique ou de fraternelle.

Dans cette conception qui permet à chacun de participer à une construction collective, la résolution du conflit résulte en premier lieu de l'abandon d'un prétendu pouvoir hiérarchique, au profit d'un processus social horizontal.

A cet égard, la médiation humaniste ne se limite pas à la seule résolution des conflits car elle s'attache avant tout à répondre aux situations d'abandon de l'individu dont la souffrance exprimée est souvent le symptôme.

Par la rencontre, chacun peut dépasser sa propre crise existentielle fondée sur une vision individualiste (voire ethnocentrique) du monde et créer les conditions d'un apaisement et d'une harmonie, même si cela suppose une confrontation parfois violente des souffrances.

Dans le processus de médiation humaniste, le rôle du médiateur est ainsi de favoriser l'expression des émotions et, parfois du cri de colère, permettant ensuite l'écoute et la rencontre.

Ce processus met en évidence une autre caractéristique de la médiation, celle d'une distance nécessaire avec les institutions.

De fait, la médiation n'est pas une sous-justice (ou une justice douce) ; non seulement le médiateur n'est pas un juge de substitution (et la médiation n'a pas de rapport au droit) mais en plus, il n'a pas vocation à limiter son intervention au seul domaine de l'institution judiciaire.

Ainsi, la médiation humaniste, par les objectifs qu’elle poursuit, se révèlera un moyen efficace de restauration de lien social, au-delà du seul but statistique d’améliorer le fonctionnement de notre système judiciaire.

Pour tous renseignements, contactez :

Frédéric CANTON
Avocat associé - Médiateur
fcanton@emo-hebert.com